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INTERNET. Le Département investit 4,2 millions pour réduire la fracture numérique. Mais le choix technologique fait débat. Selon la droite, wi-fi et wimax sont déjà dépassés !

Le projet wi-fi et wimax manque-t-il d’audace ?

C’est une affaire de spécialistes, mais aussi de gros sous. Fin janvier, le Conseil général de Charente décidait d’investir 4,2 millions d’euros pour réduire la fracture numérique et proposer d’ici l’été 2010 l’internet haut débit aux 33 000 foyers qui ont un mal fou à se connecter.

« C’est bien, mais cela reste bien timide », a répliqué l’opposition, qui rêvait de fibre optique et a fustigé un choix technologique « déjà dépassé ». Le dossier est polémique et complexe. Essayons d’y voir un peu clair…

1Quels sont les besoins ? Et d’où vient ce projet ?

On compte 169 000 lignes téléphoniques en Charente, dont 33 000 en zone d’ombre. Parmi ces 33 000 abonnés, 27 300 ont du mal à télécharger des images ou de la vidéo (connexion inférieure à 2Mbit par seconde) et 5 700 « rament » vraiment (connection inférieure à 512 Kbit/s).

Longtemps, Michel Boutant, président du Conseil général, a considéré que le haut débit n’avait pas la même priorité que l’entretien des routes et des collèges. Il a un peu changé d’avis. L’an passé, Michel Boutant décidait de débourser 8 millions d’euros pour couvrir les zones d’ombre du département. Las ! Fin août, l’appel d’offres fut infructueux. De nouvelles négociations furent entamées et le choix s’est porté sur la société Alsatis, spécialiste des technologies sans fil wi-fi et wimax.

2L’opérateur Alsatis a-t-il des références ?

Alsatis est une petite société créée en 2004. Elle est basée à Ramonville, près de Toulouse, compte une trentaine de salariés et environ 2 500 abonnés dans 800 communes. Elle a dégagé un chiffre d’affaires de 3,1 millions d’euros en 2008 pour un résultat de 198 000 ?. Bref, nous ne sommes pas chez les géants de l’informatique et des télécoms. De nombreuses collectivités locales ont néanmoins fait appel à Alsatis. C’est le cas du Conseil général de l’Isère. Ici, en Charente, Alsatis se dit capable de couvrir 90 % des « zones grises ».

3Faudra-t-il installer des antennes de toit ?

Oui ! Et pas seulement… Car pour que le signal hertzien irrigue les bourgs et villages loin des autoroutes de l’information, Alsatis va tout d’abord devoir installer 228 émetteurs et relais en Charente, sur des châteaux d’eau, des bâtiments publics, des pylônes, etc. De son côté, l’usager abonné devra être équipé d’une antenne réceptrice sur son toit. « L’opérateur s’est engagé à offrir l’installation », assure Jean-Pierre Denieul, le conseiller général chargé de ce dossier.

4Et le danger de tant d’ondes wi-fi ?

Voilà une question que nous n’avons pas la prétention de régler ici, tant les études scientifiques sérieuses manquent ! Alsatis et le Conseil général assurent que l’exposition aux rayonnements est conforme aux recommandations CEE de 1999 transposés par décret du 3 mai 2002. Ils disent encore que la puissance rayonnée (qui se mesure en volt par mètre) est très faible en dehors de l’antenne. Soit. Mais cela va-t-il vraiment rassurer ceux qui craignent pour leur santé !

5Les arguments des opposants

« Les technologies hertziennes, wi-fi et wimax, sont des solutions certes peu coûteuses, mais leurs performances sont limitées. Les portées ne sont que de quelques kilomètres et sont très sensibles aux obstacles naturels, au relief, etc. », assure François Bonneau, le conseiller général de Rouillac.

Ce dernier ajoute que nos voisins de Dordogne ont préféré opter pour une solution filaire. Il cite encore l’Ariège, qui aurait dépensé 6,76 M? pour 250 km de fibre optique, ou la Vienne et son expérimentation Visio…

6La réponse du Conseil général

Jean-Pierre Denieul répond que « l’option choisie mérite d’être souple, évolutive et pas trop chère ». Traduction : au Conseil général, on est bien conscient de ne pas avoir retenu ce qu’il avait de plus novateur et  »high-tech ».

Comme dans une famille au budget serré, qui préfère acheter une petite voiture plutôt qu’une grosse berline, on a pensé aux fins de mois difficiles. Le projet internet haut débit, évalué il y a peu à 8 millions d’euros, a été ramené à 4,2 millions d’euros. Mais précisons que le Département sera aidé par l’Europe, l’Etat et la Région et qu’il ne paiera que le quart de la facture.

En ce sens, oui, le plan wi-fi et wimax manque peut-être un peu d’audace.

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